Dans "Je confine donc je suis", le psychologue et professeur à l’Université de Lorraine Cyril Tarquinio se propose d'aborder un thème lié à cette situation nouvelle qu'est le confinement.
Dans cette première vidéo, le psychologue nous met en garde sur les dangers du télétravail forcé et sur la façon dont il peut remettre en question l’organisation du travail demain.
Si le télétravail était déjà un sujet central au Luxembourg et dans les pays limitrophes où des dizaines de milliers de frontaliers comptent les heures dans les transports, il est devenu une problématique sociétale internationale depuis le début de la crise du coronavirus.
Nous l’avons évoqué dans un précédent article, la crise du coronavirus a généré quantité de rumeurs et fausses informations qu’il nous faut analyser et démêler. Ça fait beaucoup pour nos cerveaux déjà rudement mis à l’épreuve par l’aspect anxiogène de la situation. À ces turpitudes vient s’ajouter une nouvelle incertitude autour de la croyance scientifique, symbolisée par le professeur Didier Raoult, au cœur de l’actualité depuis plusieurs semaines. Cyril Tarquinio s’est saisi de la polémique autour des travaux de ce professeur pour mettre en lumière notre rapport à l’information et notre “foi” en la science, qui peuvent être orientés par la manière de s’informer.
Les chiffres sont cruels... On a appris des statistiques de l'INSEE que le Grand Est connaissait une surmortalité de 61%, comprenez le nombre de décès survenus par rapport à l'année dernière sur la même période, en l'occurrence entre le 1er mars et le 13 avril. Dans la Grande Région, nombreuses sont les familles qui ont dû faire face à une disparition soudaine, dans un contexte presque aussi déprimant que le décès lui-même. Le psychologue et professeur à l'Université de Lorraine, Cyril Tarquinio, nous éclaire sur ce moment où la lumière s'éteint, mais où subsiste une petite flamme, celle qui fait de nous des êtres pleins de ressources
Ceux qui soignent vont-ils devenir ceux qu’on doit soigner?
Nos nouveaux héros doivent-ils s’attendre à des lendemains difficiles?
Cyril Tarquinio s’est penché sur le cas de tous ces soignants, que nous applaudissons chaque soir! Ceux qu’on compare à des soldats, ceux qui chaque jour montent au front et risquent leur vie, les médecins, les infirmièr(e)s et les autres soignants qui œuvrent chaque jour dans les hôpitaux, les maisons de retraites, les cabinets de consultations et les nouveaux “drives” médicaux improvisés, ceux qui mettent leur vie en danger pour sauver la nôtre, celle de nos proches et de nos anciens.
Nous vous proposions il y a peu un condensé de tous les mots ou expressions apparus durant cette crise du coronavirus, sorte de lexique de l'épidémie. Nous avions omis d'y inclure le terme de "résilience", mais il n'a pas échappé au psy de notre série "Je confine donc je suis", Cyril Tarquinio, que le mot a été abondamment employé, jusque dans les sphères politiques. Si le Larousse évoque une "aptitude à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances traumatiques", l'épreuve que nous traversons apporte à la définition de ce terme de nouvelles nuances développées ici par le fondateur du Centre Pierre Janet, basé à Metz (Université de Lorraine).
Collaborateur de notre série "Je confine donc je suis", Cyril Tarquinio, psychologue et professeur à l'Université de Lorraine, signe un texte quelque part entre Freud et Brassens. À lire pour mourir moins c.. !
Disons qu’un con reste un "con"… je ne sais pas si on peut en parler "finement"! Quand on parle d’un "con", c’est malheureusement toujours grossièrement. Il est difficile et complexe de définir ce qu’est un "con". La chose est d’autant plus délicate que nous sommes tous le "con" de quelqu’un et ce n’est peut-être pas totalement faux.
Regardez ce qui se passe sur les réseaux sociaux. Les cons sont partout, n’est-ce-pas? Ils relaient sans vergogne les plus grosses inepties. Parler de "con"neries serait ici particulièrement adapté. On évoque la théorie du complot, on prétend pourvoir soigner le coronavirus avec des plantes, certains, même, envisagent d’euthanasier leurs animaux domestiques car ils pourraient être porteurs du coronavirus.
La question du lien entre les évènements de vie négatifs (voire traumatiques) et les problèmes de santé relève d’une intuition presque évidente que la recherche, faute
de preuves, a tardé à confirmer scientifiquement. Cependant, depuis quelques années les publications sur le sujet s’accumulent, indiquant un lien entre les deux phénomènes dont il conviendrait de
s’inspirer et pour en tirer les conséquences !
Force est de constater que les patients douloureux chroniques, les malades cardiaques, les patients obèses, voire les malades du cancer ont souvent été confrontés dans leur parcours de vie à des
événements négatifs (- Menez votre enquête autour de vous et rendez-vous compte par vous-même ! -). Maltraitances, violences, agressions sexuelles (ou risque de), deuils, abandon ou peur de l’abandon
sont autant d’épreuves, non sans conséquences, tant sur le plan physique qu’émotionnel. À travers une série de deux textes consacrés à cette thématique nous apporterons des éléments susceptibles
d’expliquer les mécanismes en jeux, ceci permettant, de couper court aux fausses croyances ou aux esprits chagrins qui pensent encore (non sans mépris, mais surtout sans connaissances véritable dans
le domaine) que tout cela « est dans la tête ». Certes, c’est bien « dans la tête » que les choses s’opèrent, mais les mécanismes mobilisés dans notre cerveau sont d’une telle complexité, que les
scientifiques, eux-mêmes, n’en sont qu’aux premiers balbutiement et peinent encore à tout saisir.
Qu’est-ce que la psychothérapie EMDR ?
Pr Cyril TARQUINIO : « C’est un peu par hasard, en 1987, que Francine Shapiro a découvert l’ Eye Movement Desensitization and Reprocessing (ou EMDR). Alors qu’elle se promenait dans un parc, elle opérait des mouvements avec ses yeux et observa que les pensées négatives qui étaient les siennes semblaient évoluer et se transformer. Ce n’était bien entendu pas les souvenirs ou les pensées qui disparaissaient de la conscience, mais leur charge négative qui commençait à s’atténuer jusqu’à disparaître totalement. L’EMDR est donc un type d’intervention à visée psychothérapeutique qui s’appuie sur la stimulation sensorielle généralement appliquée sous la forme de mouvements bilatéraux des yeux. Depuis cette date, les recherches ont évolué et cette psychothérapie est devenue la plus recommandés en France et dans le monde pour la prise en charge du psychotraumatisme et des troubles réactionnels (anxiété, dépression…) qui surviennent suite à la confrontation à des événements négatifs ou marquants (violence, deuils, conséquences psychologiques de la maladie chronique… »
À qui s’adresse-t-elle ?
« L’expérience clinique et la recherche montrent que l’EMDR s’avère d’une grande utilité lorsqu’il s’agit de prendre en charge les victimes souffrant d’état de stress post-traumatique liés à des événements comme ce fut le cas en janvier dernier, lors des attentats qui ont secoué notre pays. En outre, depuis, plus de dix ans maintenant nous avons développé, à l’Université de Lorraine, des protocoles de prise en charge des conséquences psychologiques de la maladie chronique, comme le cancer par exemple. »
Quels sont ses avantages ?
« L’EMDR permet un traitement ciblé des phénomènes psychologiques. Il présente l’immense avantage de s’adresser à tout le monde. Il ne faut pas disposer de compétences ou de qualités particulières (être suggestible pour l’hypnose ou savoir élaborer pour la psychanalyse) comme cela peut être le cas parfois. Il existe également des spécialistes qui ont adapté la démarche aux enfants, aux adolescents et aux familles. »
Quelles sont ses limites ?
« Le risque, c’est de penser du fait d’un manque d’explication que cette psychothérapie est bonne pour tout. C’est loin d’être le cas. Certaines dépressions sont réfractaires, pour des raisons qu’il serait trop difficile d’expliquer. »
L’EMDR est-elle encore perfectible ?
« Oui, je crois que nous sommes au début de notre compréhension de l’EMDR. Pendant longtemps, la médecine a utilisé la pénicilline grâce à la découverte de Fleming, sans vraiment savoir pourquoi cela fonctionnait. La pénicilline a néanmoins sauvé la vie de milliers de gens. C’est un peu pareil pour l’EMDR. Nous avons des hypothèses de plus en plus précises, mais qui vont nous occuper durant les vingt prochaines années au moins. »
Le nouveau millénaire a amené de nouveaux défis. Sacrifiés sur l’hôtel de la logique des marchés économiques ou du leadership politique, les besoins des êtres humains et de la planète d’une manière générale ont été ignorés par les membres des grandes puissances économiques voulant continuer à augmenter leur patrimoine matériel. Un tel cours des choses pourrait conduire à de plus en plus d’égoïsme, à un creusement des écarts salariaux, et éventuellement au chaos et au désespoir.
C’est à ce niveau que les sciences sociales et comportementales peuvent jouer un rôle extrêmement important. Elles permettent une vision et une articulation de ce que serait une belle vie tout en étant compréhensible et possible. Elles permettent de montrer quels types d’actions peuvent conduire au bien-être, à une vision positive des choses, et à des communautés florissantes. La psychologie devrait permettre d’identifier dans quelles conditions les familles produisent des enfants épanouis, quels types d’organisations permettent d’obtenir la meilleure satisfaction et performance au travail pour le personnel, quel type de politique permet d’obtenir le meilleur engagement civique, et comment faire pour que la vie vaille davantage le coup d’être vécue.
Jusqu’à présent, les psychologues ont analysé et commencé à comprendre comment les individus survivent à ou sont capables d’endurer des épreuves difficiles. Cependant, les psychologues en savent bien peu sur les individus « normaux », et comment ils s’épanouissent dans des conditions plus habituelles. Depuis la 2nde Guerre mondiale, la psychologie, étant une science fondée sur la recherche et souvent financée par les gouvernements, s’est largement centrée sur la guérison. Elle s’est focalisée sur le traitement des lésions et ainsi s’est inscrite dans un modèle du fonctionnement de l’être humain fondé sur la maladie. Cette attention quasi exclusive portée sur la pathologie néglige les individus épanouis et les communautés florissantes. L’objectif de la psychologie positive est de commencer à catalyser un changement dans l’optique de la psychologie en la faisant passer d’une centration exclusive sur la pathologie et le traitement des pires choses pouvant arriver dans la vie, à une centration sur ce qui permet de construire des qualités positives.
Le domaine de la psychologie positive à un niveau subjectif concerne la valorisation des expériences subjectives : le bien-être, la satisfaction (dans le passé), les états de grâce, bonheur (pour le présent) et l’espoir, l’optimisme (pour le futur). A un niveau individuel, il s’agit des traits de personnalité positifs : la capacité d’aimer et de trouver sa vocation, le courage, la modération, la sensibilité esthétique, la persévérance, la capacité à pardonner, l’originalité, la conscience du futur, la spiritualité, le talent et la sagesse. Au niveau du groupe, il s’agit des vertus civiques et des institutions qui incitent les individus à une meilleure citoyenneté : les habiletés interpersonnelles, la responsabilité, la capacité à prendre soin des autres, l’altruisme, la courtoisie, la tolérance, et l’étique au travail.
Cette conférence faites devant 210 personnes en fixe les contours....
Conférence/Débat :
Cyril TARQUINIO, Professeur de Psychologie à l'Université de Lorraine
Olivier RECH, Avocat à Thionville
Grand témoin : Mathieu GATIPON BACHETTE, Président de l'Association "Couleurs Gaies"
Anne GROMMERCH, Députée de la Moselle
Modérateur du débat : Pierre CUNY, Médecin
Organisé par l'association "Perpectives et Actions"
Présidente: Solange ROSER.
Lors de la soirée de formation interprofessionnelle organisée par l'Association Médicale de Perfectionnement Post-Universitaire Région sanitaire de NANCY (AMPPU 54), le Professeur Cyril TARQUINIO et le Docteur Jean-Pierre HOUPPE interviennent sur le sujet du stress en cardiologie et plus particulièrement sur les aspects suivants :
- Mieux connaitre le connaître pour mieux le prendre en charge
- l'Education Thérapeutique du Patient
Le Professeur Cyril Tarquinio nous expliquera en quoi la prise en charge des victimes a changé depuis ces dernières années et ce que l’on peut en espérer dans un
avenir proche grâce aux nouvelles découvertes sur le fonctionnement cérébral et ses liens avec le psychisme.